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Glaucome : comprendre, détecter et accompagner cette maladie silencieuse

Souvent surnommé le « voleur silencieux de la vue », le glaucome est une maladie chronique de l’œil qui progresse sans douleur ni signe évident, jusqu’à atteindre de manière irréversible le nerf optique. Cette affection, qui touche plus d’un million de personnes en France, représente la seconde cause de cécité dans les pays développés. Pourtant, un dépistage précoce et un suivi rigoureux permettent de ralentir sa progression et de préserver la qualité de vie visuelle. À travers cet article, faisons le point sur les mécanismes, les symptômes, les examens de dépistage et les prises en charge possibles du glaucome.

Qu’est-ce que le glaucome ?

Le glaucome désigne un ensemble de maladies oculaires caractérisées par une atteinte progressive du nerf optique, le plus souvent associée à une élévation de la pression intraoculaire (PIO). Cette pression anormalement élevée endommage les fibres nerveuses de la rétine, entraînant une perte du champ visuel périphérique, puis central, si la maladie n’est pas traitée.

Il existe plusieurs formes de glaucome, mais deux dominent en fréquence :

  • Le glaucome à angle ouvert, le plus courant et le plus insidieux, qui évolue lentement et sans symptômes perceptibles dans un premier temps.
  • Le glaucome à angle fermé, plus rare mais potentiellement aigu et douloureux, nécessitant une prise en charge en urgence.

Dans certains cas, le glaucome peut survenir même avec une pression intraoculaire normale : on parle alors de glaucome à pression normale, dont le mécanisme reste mal compris.

Quelles sont les causes et les facteurs de risque ?

Le principal facteur de risque du glaucome est une pression intraoculaire élevée, mais d’autres éléments peuvent favoriser son apparition ou accélérer sa progression :

  • Âge : le risque augmente nettement après 40 ans.
  • Antécédents familiaux : une personne ayant un parent atteint présente un risque multiplié par 4 à 10.
  • Myopie forte ou hypertonie oculaire isolée.
  • Origine ethnique : les populations afro-caribéennes et asiatiques sont plus à risque.
  • Pathologies associées : diabète, troubles vasculaires, apnée du sommeil…
  • Utilisation prolongée de corticoïdes, notamment en collyres.

Le glaucome peut aussi être congénital (présent dès la naissance) ou secondaire à un traumatisme, une inflammation, ou une autre maladie oculaire.

Quels sont les symptômes du glaucome ?

Dans la majorité des cas, le glaucome est asymptomatique à ses débuts. C’est ce qui en fait une pathologie dangereuse : les patients ne consultent souvent que lorsque des pertes de vision sont déjà bien installées.

Les premiers signes passent généralement inaperçus :

  • Réduction progressive du champ visuel périphérique,
  • Sensation de voile ou d’ombre latérale,
  • Difficultés à percevoir les contrastes ou à s’adapter à l’obscurité.

Dans le glaucome aigu à angle fermé, les symptômes sont soudains et marqués :

  • Douleur oculaire intense,
  • Baisse brutale de la vision,
  • Rougeur, nausées, maux de tête, halos autour des lumières.

C’est une urgence ophtalmologique absolue.

Comment dépister le glaucome ?

Un dépistage régulier est essentiel, surtout après 40 ans ou en cas de facteur de risque. L’examen repose sur plusieurs tests complémentaires, généralement réalisés chez l’ophtalmologiste.

🔹 Mesure de la pression intraoculaire (tonométrie)
🔹 Examen du nerf optique (fond d’œil, OCT)
🔹 Analyse du champ visuel (périmétrie automatisée)
🔹 Gonioscopie pour déterminer le type de glaucome (angle ouvert ou fermé)

Ce dépistage est d’autant plus important que les dommages causés par le glaucome sont irréversibles, mais qu’un traitement précoce peut freiner significativement son évolution.

Quels sont les traitements disponibles ?

Le glaucome ne se guérit pas, mais il peut être stabilisé si le diagnostic est posé suffisamment tôt. L’objectif principal est de réduire la pression intraoculaire pour ralentir la dégradation du nerf optique.

Traitement médicamenteux (collyres)

La première ligne de traitement repose sur des collyres à instiller quotidiennement. Il en existe plusieurs classes (prostaglandines, bêtabloquants, inhibiteurs de l’anhydrase carbonique…) agissant sur la production ou l’évacuation de l’humeur aqueuse.

Laser

En cas d’échec ou d’intolérance aux collyres, un traitement par laser (trabéculoplastie sélective) peut être proposé pour améliorer le drainage intraoculaire.

Chirurgie

Dans les formes avancées ou résistantes, une chirurgie (trabéculectomie, implant de drainage) est envisagée. Elle vise à créer une voie d’évacuation pour diminuer la pression intraoculaire de manière durable.

Quel est le rôle de l’opticien dans le suivi du glaucome ?

L’opticien n’intervient pas dans le diagnostic du glaucome, mais il peut jouer un rôle d’alerte et d’accompagnement essentiel.

  • Il peut repérer des plaintes visuelles atypiques ou une baisse du champ visuel évoquée par le patient.
  • Il sensibilise le public au dépistage régulier après 40 ans.
  • Il assure une bonne adaptation des équipements optiques (vision tubulaire, contrastes réduits).
  • Il oriente vers un ophtalmologiste en cas de doute ou de besoin de suivi renforcé.

Dans les cas avancés, il peut aussi recommander des aides visuelles spécifiques (loupes, filtres, éclairages renforcés) pour compenser les pertes de champ.

Conclusion

Le glaucome est une pathologie redoutable car silencieuse, progressive et irréversible. Pourtant, il existe des moyens efficaces pour en ralentir l’évolution et préserver la vision, à condition d’agir à temps. Le dépistage régulier, la rigueur dans le traitement et un accompagnement professionnel sont les piliers d’une prise en charge réussie.

En tant qu’opticiens, vous avez un rôle clé à jouer dans la sensibilisation, le repérage des signes d’alerte et le soutien quotidien aux patients glaucomateux. Car protéger la vision, c’est aussi savoir prévenir l’invisible.